Le toit blanc

Un toit blanc ? pourquoi pas végétalisé, ou noir ? Déjà un débat de couleur existe entre les partisans du toit noir, censé économiser du chauffage en hiver, et ceux du toit blanc qui épargne de la chaleur en été. Le partisan du toit noir argue que la période où l’on a besoin de chauffer est de 6 mois, pour 2 mois de besoin de refroidir. Le bilan annuel serait à l’avantage du noir. De plus la durée de vie du noir est supérieure : un blanc se salit plus vite et perd plus vite ses qualités de réflexion. Les méditerranéens, eux , ont tranché depuis longtemps pour le blanc. A New York, le Maire a initié une campagne de blanchiment des toits terrasse : http://www.terraeco.net/Quand-Bloom… .

Pour donner quelques éléments qui tiennent compte de la position du soleil, il faut constater qu’en hiver le soleil bas chauffe très mal le toit, voire pas du tout pour le pan de toiture exposé au nord. Cette mauvaise incidence pondère le premier avantage du noir : il est positif sur une période plus longue mais est positif de peu. Une tuile mal exposée au soleil ne gagne que peu de degrés.

Par contre, en été, le toit est très bien exposé pour les surchauffes, sur toutes ses faces. Un toit sombre devient un beau four les jours de canicule.

Éventuellement, un pan de toiture fortement incliné, exposé au sud, peut apporter une chaleur non négligeable en hiver. Dans une région septentrionale, où les surchauffes d’été sont moins à craindre, le pan sud en noir peut paraître cohérent.

Mais pour finir, ou plutôt en finir avec un toit noir : une maison avec des grandes ouvertures en façade sud, et correctement isolée, n’a pas besoin de chauffage les jours de soleil : tout apport de chaleur par le toit y est donc parfaitement inutile.

Et le soleil en façade sud sera facile à occulter l’été, ce qui n’est pas le cas pour le toit.

Sans être noires, les tuiles en terre cuite sont d’une couleur qui capte bien la chaleur ; et même des

tuiles claires à l’origine ont tendance à se recouvrir de mousses, lichens et surtout moisissures qui les assombrissent, les rendant plus aptes à capter la chaleur. Un passage dans les combles en plein été permet de se rendre compte assez rapidement de cet état de fait. J’ai donc dans un premier temps cherché à mesurer quel serait l’apport d’un blanchiment, et pour cela ai mis au soleil en parallèle tuile blanche et tuile classique avec chacune un thermomètre enregistreur.

La courbe rouge pour la tuile rouge, la plus pâle pour la tuile blanche. En gros la tuile rouge grimpe à 50°, la blanche à 40° quand l’air extérieur est à 30°. Un simple coup de peinture peut donc diviser par deux le surplus de chaleur.

Ici intervient l’argument principal de la toiture végétalisée, pour laquelle les propriétés de la végétation bloquent la température à 32°. Certainement mieux, mais à quel prix ?

la toiture végétalisée c’est complexe, il faut une bonne étanchéité en matériaux de synthèse (epdm), des dispositifs spécifiques pour retenir la terre sur la pente ou pour le drainage sur toiture plate ;

c’est lourd, cela suppose un surplus de matériaux pour supporter la charge, construction légère interdite ;

c’est parfois l’emploi de substrats à base de tourbe, encore une matière naturelle exploitée largement au delà de ses capacités de renouvellement ;

c’est de l’entretien pour garder un bel aspect, c’est aussi parfois de l’arrosage en régions sèches…

Bref, je trouve personnellement que ces toitures végétalisées ont une face cachée qui ternit une belle apparence verte. Mais restant sensible à l’effet de la végétation, je vous propose un autre moyen de verdir nos habitations, un peu plus long à l’installation (encore que une couverture de sedum, classique de la toiture végétalisée, est très longue à s’installer) mais nettement plus neutre,

économique, et tout aussi efficace : J’aime beaucoup cette idée de maison noyée sous la végétation, et vais plus loin dans cette proposition : plantons ainsi de la vigne et du kiwi, qui feront parfaitement l’affaire pour recouvrir le toit, et l’habitat devient support à des cultures nourricières et ne contribue plus à l’artificialisation des terres !

Je cite encore un autre dispositif très efficace en matière de protection estivale : la toiture doublée ventilée, blanche de préférence. Mais encore une fois on rentre dans des dispositifs chers et complexes.

Le blanc garde ma préférence pour ses arguments prix/efficacité/rapidité/facilité. Et n’empêche pas de planter un bon raisin muscat pour coloniser tranquillement le toit.

Pour la réalisation, j’ai dans un premier temps opté pour le blanchiment à la chaux, un produit utilisé pour les serres qui se délave en hiver. Il faut le renouveler chaque année. Avec un pot à 30 euros, et un pulvérisateur de jardin, le toit est recouvert. Sauf que le blanchiment n’est pas intense et que le résultat n’est pas franchement sensible. Je l’ai fait deux années de suite, et cela a permis de tester la réaction des voisins qui auraient pu s’y opposer ; je n’ai eu que des réactions pleines de sympathie (tiens, il a neigé ?)

Pour un meilleur blanchiment, et pour me libérer d’avoir à remonter sur le toit chaque année, j’ai opté pour une peinture façade (écolabellisée bien sûr, pour blanchir ma conscience). Décapage préalable au nettoyeur haute pression, application au pistolet airless prêté par un ami. Cet outil permet de recouvrir l’ensemble du toit en 2 heures (env 110m²), fait un travail impeccable sans avoir à masquer, et sans embruns qui tombent sur les voitures garées en dessous comme cela arrivait avec le pulvérisateur et la chaux. 3 pots de peinture à 77 euros, soit un total de 231 euros.

Le résultat n’est pas facile à chiffrer, il est spectaculaire dans la partie « garage », pourtant exposée au nord mais pourvue d’une isolation sommaire (10 cm de laine de verre coincée entre les chevrons). Dans cette partie, c’est une baisse d’environ 4 à 5 degrés des températures maxi, la pièce sous le toit passe du statut de suffocante à celui de presque agréable.

Dans la partie habitation, dont l’isolation est nettement plus sérieuse, c’est de l’ordre de 2 degrés de moins que du temps d’avant le blanchiment.

Pour ne pas donner que dans l’approximatif, voici l’historique des températures d’une des chambres exposées au sud pour l’été 2013 :

les maxi ne dépassent pas 28°, la ventilation nocturne suffit à retrouver rapidement des températures confortables (d’où les fluctuations de la courbe). La moyenne se situe ainsi aux alentours de 25°, à peine plus dans les périodes chaudes. Je rappelle que l’habitation se situe aux alentours de Montpellier, région dans laquelle la climatisation semble indispensable au confort d’été : pour ma part, à ce niveau de températures intérieures, je peux très bien me passer de clim. D’ailleurs, peut être même que l’ambiance est plus confortable qu’avec une clim… et certainement plus saine !